Tribune – Pierre Aoun : « Le logement des publics fragiles ne peut pas être la variable d’ajustement fiscale »

La commission des finances de l’Assemblée nationale vient d’adopter un amendement qui menace directement la production de logements adaptés pour nos étudiants et nos aînés. Une décision incompréhensible, alors même que la crise du logement frappe durement les publics les plus fragiles.
Un amendement aux conséquences lourdes
Je suis aujourd’hui profondément inquiet.
L’amendement I-CF1458, intégré au Projet de Loi de Finances 2026, prévoit de supprimer la possibilité, pour les bailleurs en Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP), de déduire les amortissements dans le calcul du résultat imposable.
Or, ce mécanisme constitue l’un des leviers essentiels pour encourager les particuliers à investir dans le logement meublé, en particulier dans les résidences étudiantes et seniors.
À trop vouloir corriger les excès de la location touristique type “Airbnb”, la mesure opère un amalgame dangereux.
Le dispositif LMNP n’est pas un produit de spéculation : il représente, dans sa forme la plus vertueuse, un outil d’investissement responsable et durable au service du logement de publics prioritaires.
Le LMNP : un pilier du logement accessible
Au sein du groupe LP Promotion, nous en mesurons chaque jour les effets positifs.
Nos résidences étudiantes et Seniors accueillent aujourd’hui près de 10 000 résidents.
Ce modèle repose sur un équilibre fragile : sans investisseurs particuliers, pas de financement, pas de construction — donc pas de logements accessibles pour ceux qui en ont le plus besoin.
Chaque année, des jeunes renoncent à une formation faute de logement.
Parallèlement, les études de l’INSEE rappellent l’accélération du vieillissement démographique et la nécessité de produire massivement des logements adaptés.
Le dispositif LMNP, dans sa version « résidence de services gérée », demeure le seul levier efficace pour répondre à ces deux urgences :
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il offre une rentabilité maîtrisée,
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une gestion professionnelle,
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et une utilité sociale incontestable.
Des territoires convaincus, des enjeux prioritaires
Sur tous les territoires où nous développons nos projets, les collectivités locales accueillent favorablement ces programmes, conscientes du besoin criant d’une offre locative adaptée.
Les taux d’occupation élevés de nos résidences en témoignent : les Seniors, les étudiants, les jeunes actifs recherchent avant tout un logement sûr, confortable et abordable.
Supprimer les incitations fiscales qui soutiennent ces projets, c’est rompre une chaîne vertueuse :
moins d’investisseurs → moins de constructions → moins de solutions pour les publics fragiles.
Un appel à la raison et à la lucidité
En tant que Président de la Commission des résidences gérées de la FPI France, je ne peux que tirer la sonnette d’alarme.
Cette décision, si elle venait à être confirmée en séance, porterait un coup d’arrêt majeur à tout un pan du logement socialement utile.
Les pouvoirs publics doivent entendre cet avertissement : le logement des publics fragiles ne peut pas être la variable d’ajustement fiscale d’un budget annuel.
Il est au contraire un investissement d’avenir, un enjeu de cohésion et de dignité collective.
J’en appelle à un sursaut de lucidité, à un dialogue constructif entre l’État, les élus et les acteurs du logement, pour préserver le LMNP dans sa vocation d’intérêt général.
J’en appelle à un sursaut de lucidité, à un dialogue constructif entre l’État, les élus et les acteurs du logement, pour préserver le LMNP dans sa vocation d’intérêt général.

